Dans son réquisitoire devant le Tribunal de Nuremberg, le procureur 'Auguste Champetier de Ribes, procureur près le Tribunal de Nuremberg s'exprime ainsi :
....La mystique à laquelle pensait Bergson, nous savons ce qu'elle est. C'est celle qu'à l'apogée de la civilisation gréco-latine, alors que Caton, l'Ancien, le sage des sages, écrivait dans son Traité d'économie politique : "il faut savoir vendre à temps ses vieux bœufs et ses vieux esclaves", a introduit dans le monde ces deux notions, qui ont suffit à le bouleverser, la notion de la personne et celle de la fraternité humaine.
La personne, c'est-à-dire l'individu spiritualisé, non plus l'homme isolé, le numéro dans l'ordre politique, le rouage dans l'ordre économique, mais l'homme tout entier corps et esprit, esprit incarné sans doute, mais avant esprit, pour l'épanouissement duquel est faite la société, l'homme social, qui ne trouve son plein développement que dans la communauté fraternelle de son prochain, l'homme, auquel sa vocation confère une dignité qui le fait échapper de droit à toute entreprise d'asservissement et d'accaparement.
Ces paroles sont essentielles, en ce qu'elles ont été prononcées à cet instant si particulier de l'Histoire qu'est le procès de Nuremberg. Elles sont prononcées par un procureur, c'est-à-dire celui qui a en charge de faire au nom du Droit reproche à ceux qui sont accusés. Il va leur reprocher non pas seulement les atrocités concrètes et le nombre inouïs de victimes. En cela, d'autres génocides pourront s'y comparer sans doute. Il va leur reprocher autre chose, différent et incommensurable. Il va reprocher à la pensée nazie, car il y a une pensée nazie
Par une démonstration fulgurante, Champetier de Ribes montre que la pensée gréco-romaine à inventer la notion de "personne. Il s'agit d'une notion "mystique", en ce qu'un être humain cesse d'être un être isolé et dépendant
Shapiro, La loi du sang, trad. franç., Gallimard, 2014.
Anders, G., Nous, fils d'Eichmann, trad. franç. ....
I. LA PERSONNE EST UNE INVENTION MYSTIQUE DONT LA PUISSANCE JURIDIQUE REPOSE SUR LE SOUCI D'AUTRUI
A. LA PERSONNE EST UNE INVENTION MYSTIQUE
1. La personne est une invention
2. La personne est un esprit incarné
B. LA PERSONNE EST UN ÊTRE SOCIAL : "L'HOMME SOCIAL"
1. Distinction entre la définition radicale de la personne comme "homme social" et les droits économiques et sociaux
2. La société est faite pour "l'épanouissement de l'homme social"
3. L'épanouissement de l'homme social se fait dans la "communauté fraternelle de son prochain
C. LA DÉFINITION DE LA DIGNITÉ PAR AUTRUI
1. Le souci d'autrui comme source de la dignité de la personne
2. Le souci d'autrui comme source de la soustraction de droit à "toute entreprise d'asservissement et d'accaparement
II. L’ACTUALITÉ DE L'ACCUSATION : CE QUI PEUT BRISER LA PERSONNE
Caton "le sage des sages". Le fait qu'il ait présenté comme sage la vente des vieux esclaves quand est venu le temps dans un traité d' Économie politique.
Aujourd'hui, appel à être "raisonnable", réaliste, à n'avoir pas de "prétention", "les jeux sont faits". Parlent les sages des sages. Les économistes : il faut mieux réguler, puisque "cela se fait", "c'est comme ça".
A. LA CONCRÉTUDE DE L’ÊTRE HUMAIN
1. Les contraintes matérielles
2. L'infériorité du Droit par rapport à d'autres lois
B. L'ISOLEMENT DE L’ÊTRE HUMAIN
1. "L'homme isolé"
2. "Le numéro dans l'ordre politique"
3. "Le rouage dans l'ordre économique"
C. LA DISSOCIATION DE L’ÊTRE HUMAIN
1. La pulvérisation du monde
2. La pulvérisation de l'être humain
Évolution par rapport au nazisme : absence d'idéologie ; égoïsme absolu ; infantilisme absolue ; l'argent est la Loi.
Baud, J.-P., L'histoire de la main volée, 1993
Supiot, A., Analyse juridique des solidarités, Collège de France.
Deleuze, G., "Bêtise", Abécédaire.
Carbonnier, Droit et passion du droit sous la Vième République, 1995
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