Nov. 25, 2025

Thesaurus : Doctrine

SCHMIT, Élisabeth🕴️et PETER, Aurélien🕴️

Introduction, in Justices manifestes

â–ş RĂ©fĂ©rence complète : É. Schmit et A. Peter, "Introduction", in Justices manifestes , Clio - ThĂ©mis, n°29, 2025.

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â–ş RĂ©sumĂ© de l'article : Les auteurs prĂ©sentent le sujet mĂŞme de ce dossier : montrer la place de l'Ă©crit dans les procĂ©dures comme mode spĂ©cifique de rituels qui eux-aussi rendent la justice "manifeste".  PrĂ©sentation par les auteurs : "

"Ce dossier se situe au croisement de deux manières d’aborder et d’écrire l’histoire de la justice : celle, d’une part, qui s’intĂ©resse aux manifestations rituelles du processus judiciaire ; et celle, d’autre part, qui traite des enjeux et des pouvoirs de l’écrit dans l’action de la justice. En repartant de la mĂ©taphore théâtrale, c’est-Ă -dire en envisageant la scène judiciaire comme cadre spatio-temporel du dĂ©ploiement du rituel, il s’agit d’en Ă©tudier prĂ©cisĂ©ment les modalitĂ©s d’enregistrement, pour mieux comprendre comment l’écrit participe du caractère manifeste des justices mĂ©diĂ©vales et modernes – dans leur diversitĂ©. Ă€ l’intersection entre rituel et Ă©crit judiciaires, il y a bien sĂ»r la procĂ©dure, entendue Ă  la fois comme la succession des Ă©tapes conduisant Ă  l’exĂ©cution d’une dĂ©cision de justice, et comme l’ensemble des règles qui encadrent chacune de ces Ă©tapes. Faire l’histoire des modalitĂ©s d’enregistrement du rituel judiciaire implique dès lors d’expliciter Ă  la fois les rapports entre rituel et procĂ©dure, et entre procĂ©dure et Ă©crit. Les contributions qui suivent tĂ©moignent de l’intĂ©rĂŞt, pour les historiennes et historiens de la justice, d’articuler ces deux approches, chacune ayant fait l’objet d’une historiographie fĂ©conde.".

C'est la quatrième partie de l'article qui est plus particulièrement consacré au rôle des "écrits judiciaires", évoquant le gouvernement par l'écrit, le réseau des écritures, les écritures judiciaires grises, etc.

Le contenu des 5 articles composant le dossier est prĂ©sentĂ© ainsi : "VoilĂ  quelques-unes des questions auxquelles les cinq articles de ce dossier apportent de prĂ©cieux Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse, Ă  partir de contextes documentaires, temporels, gĂ©ographiques et juridictionnels bien diffĂ©rents. Ă€ partir d’une sĂ©rie de 70 arrĂŞts criminels rendus au parlement de Paris au xive siècle, Isabelle D’Artagnan analyse la façon dont l’enregistrement façonne la jurisprudence de la cour quant Ă  l’usage de deux peines infamantes, l’amende honorable et le pilori. En Ă©tudiant au plus près les modalitĂ©s de l’enregistrement, elle montre combien celui-ci est en lui-mĂŞme performatif : il constitue non seulement une première satisfaction pour les parties, mais oriente aussi l’action future des juges. Rudi Beaulant interroge quant Ă  lui le rĂ´le des Ă©critures judiciaires comme outil de gouvernement urbain, dans un contexte de partage du pouvoir judiciaire entre ville et prince Ă  Dijon Ă  la fin du Moyen Ă‚ge. La multiplication et la rĂ©partition des informations enregistrĂ©es montrent que les Ă©critures judiciaires constituent Ă  la fois un instrument d’administration et de lĂ©gitimation pour les officiers urbains, tout autant qu’elles participent de la construction de la mĂ©moire judiciaire de la ville. Dominique Adrien s’intĂ©resse, dans la Bavière de la fin du xve siècle, Ă  une charte rĂ©digĂ©e Ă  la demande des parties qui s’opposent devant le tribunal urbain de Kempten, et dont il donne l’édition et la traduction. Ă€ partir de cette charte qui permet, dans un contexte juridictionnel concurrentiel, de consolider les droits de la plaignante mais aussi la dĂ©cision du tribunal, l’auteur analyse les modalitĂ©s spĂ©cifiques de l’enregistrement du procès, et notamment la place importante accordĂ©e aux tĂ©moignages oraux. Dans sa contribution, RĂ©mi Demoen piste dans les comptes municipaux d’Amboise, Chinon et Loches au second xvie siècle les traces indirectes du rituel spĂ©cifique du jugement des comptes, dans le contexte documentaire particulièrement lacunaire de la Chambre des comptes. Il apparaĂ®t que l’écrit, davantage qu’une simple trace du rituel, joue un rĂ´le central dans le processus mĂŞme de vĂ©rification des comptes. Enfin, Mathias Boussemart consacre son article aux bandeaux gravĂ©s qui ornementent un grand nombre d’impressions judiciaires au xviiie siècle. S’il s’intĂ©resse aux scènes judiciaires que ces bandeaux reprĂ©sentent, il montre surtout comment ces bandeaux, qui participent de l’ultime phase du rituel judiciaire – l’impression sur papier de dĂ©cisions jugĂ©es remarquables â€“ contribuent Ă  la diffusion, Ă  grande Ă©chelle, de petites scĂ©nettes judiciaires. Toutes attentives aux mĂ©canismes d’enregistrement Ă  l’œuvre, ces contributions affinent, dans la diversitĂ© des cas Ă©tudiĂ©s, notre comprĂ©hension des rituels judiciaires.".

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