21 novembre 2024

Organisation de manifestations scientifiques

🧱Coordination de la conférence 🎤Dans l’espace de justice, les pratiques juridictionnelles au service du futur

par Marie-Anne Frison-Roche

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â–ş RĂ©fĂ©rence complète : M.-A. Frison-Roche, coordination de la confĂ©rence Dans l’espace de justice, les pratiques juridictionnelles au service du futurin Cour de cassation, Cycle de confĂ©rences "Penser les pratiques juridictionnelles au service d’un espace de justice", 21 novembre 2023, 16h-18h

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â–ş PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale de la confĂ©rence : La conception tient compte du fait que l’évènement vient quasiment en dernier dans le cycle. Ont Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment traitĂ©es les « pratiques juridictionnelles Â» en ce qu’elles sont « au service d’un espace de justice » europĂ©en (fĂ©vrier 2023), Ă©clairĂ© (mars 2023), attractif (juin 2023), interactif (septembre 2023), pacificateur (dĂ©cembre 2023).

La problématique de la conférence par d’un constat : aujourd’hui l’on apporte à des juges des prétentions qui portent directement sur le futur. Certes, dans son office classique le juge aborde l’avenir des situations litigieuses, mais ce sont aujourd’hui l’avenir des systèmes dans leur entièreté qui, à travers une dispute ou une demande, leur est parfois soumis, et une solution demandée. La possible présence des générations futures en est un signe parmi d’autres.

L’espace de justice peut paraître inadaptée pour des procès si gigantesques, et par leur objet et par leur retentissement.

Sans doute faut-il distinguer selon les juges et certains juges peuvent paraître plus familiers que d’autres aux enjeux systémiques que le futur porte avec lui. Peut-être la prudence du juge doit-il le conduire à ne pas l’entraîner par exemple dans le maniement des sanctions à user de son pouvoir sur ce futur, en oubliant que le futur contient par nature une part d’inconnu, prudence fondamentale que le principe de la légalité des délits et des peines exprime.

Mais le futur n’est pas non plus une page blanche et le juge, sans inventer celui-ci, peut contrĂ´ler la cohĂ©rence de ceux qui Ă©crivent la loi, s’il est juge constitutionnel, ceux qui Ă©crivent les contrats et les engagements. Pour remplir son office, que les parties prenantes demandent, les juges doivent penser et traiter en dialogue ce nouvel objet systĂ©mique qui se prĂ©sente aujourd’hui devant eux : le futur.

Pour l’appréhender, les juges puisent dans les pratiques juridictionnelles disponibles, en ajustent d’autres, les articulent entre elles, dans des méthodes renouvelées.

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🧮consulter le programme du cycle de conférences en 2023

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â–ş PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale du cycle (fait par la Cour de cassation) : "Les pratiques juridictionnelles restent souvent cachĂ©es derrière l’office du juge de dire le droit en appliquant la loi. Elles sont pourtant aussi anciennes que nombreuses et variĂ©es. Les pratiques qui vont intĂ©resser ce cycle sont celles qui traduisent la volontĂ© du magistrat, dans son environnement en transformation et fort de son Ă©thique, de rĂ©pondre aux besoins des justiciables et de la sociĂ©tĂ©, par son apport Ă  la construction d’un espace de justice.

Il s’agit par ce cycle de confĂ©rences, centrĂ© sur le juge, de mettre en Ă©vidence la richesse de ses apports, en tant qu’être humain, et au-delĂ  des dĂ©cisions rendues dans sa mission d’appliquer la loi. La recherche conduira Ă  rĂ©vĂ©ler des pratiques que le juge invente, Ă©labore et met en Ĺ“uvre, en interaction et coopĂ©ration avec les autres acteurs de la chaĂ®ne du droit au service d’un espace de justice rĂ©pondant aux dĂ©fis nouveaux. Le cycle conduit ainsi Ă  identifier ces pratiques juridictionnelles innovantes ou d’adaptation et Ă  en rechercher   l’élĂ©ment dĂ©clencheur, l’objectif et la fonction poursuivis, le processus d’élaboration, la portĂ©e et le contrĂ´le Ă©ventuel.

Le cycle s’inscrit dans une recherche à la fois interdisciplinaire puisque l’analyse des pratiques et d’un espace de justice passent par une approche sociologique, psychosociologique et historique, et comparative tant entre les ordres nationaux au sein de l’Union européenne et dans le monde, qu’entre les ordres juridictionnels internes.

Si, pour   tĂ©moigner des  pratiques  innovantes  au  service  d’un espace  de justice,  la  majoritĂ©  des  intervenants   sont  des  magistrats  de  l’Union europĂ©enne, et si les  magistrats  français qui  s’exprimeront relèvent  tant   de l’ordre judiciaire que  de l’ordre  administratif  et reprĂ©sentent les  diffĂ©rents  degrĂ©s  de  juridiction,  le  cycle associe  Ă  la  rĂ©flexion  les avocats et les  universitaires  : ces Ă©changes Ă  l’initiative  de la  Cour  de  cassation se  prĂ©sentent  ainsi , en tant  que  tels, comme  une pratique  au  service   d’un  espace  de  justice.

 

Le cycle « penser les pratiques juridictionnelles au service d’un espace de justice Â» est d’abord, pour le premier prĂ©sident de la Cour de cassation, Christophe Soulard, une nouvelle opportunitĂ© de consolider les liens entre les professions du monde universitaire et celles de la justice. Il voit dans ce cycle, inscrit dans le prolongement de la rĂ©flexion sur l’office du juge, qui met en lumière l’évolution partant d’une application mĂ©canique de la loi aux effets du principe de rĂ©alitĂ© soulevĂ© par Portalis  (« un code quelque complet qu’il puisse paraĂ®tre, n’est pas plutĂ´t achevĂ© que mille questions inattendues viennent s’offrir au magistrat Â»), jusqu’au contrĂ´le par le juge de la conformitĂ© de la loi aux droits europĂ©ens et aux droits et libertĂ©s fondamentaux Ă  valeur constitutionnelle, une formidable occasion de mettre en lumière les pratiques des juges qui, trop longtemps, sont restĂ©es dans l’ombre. Il souligne Ă  cet Ă©gard l’avènement parallèle d’un espace europĂ©en et d’un espace numĂ©rique dans lesquels le rĂ´le et le pĂ©rimètre d’action des juges se redĂ©finissent : dans l’espace europĂ©en, mais aussi dans le rĂ©seau des cours suprĂŞmes judiciaires francophones, Ă  la faveur du dĂ©veloppement du numĂ©rique et en complĂ©ment de la diffusion horizontale de la jurisprudence, ces pratiques juridictionnelles font l’objet d’échanges, notamment les pratiques de rĂ©daction, de mĂ©diation, d’organisation et captation des audiences, de communication, de relation avec les avocats et d’équipes autour des magistrats.

Sous le  thème « penser les pratiques juridictionnelles au service d’un espace de justice Â», la proposition du cycle est la suivante :  dans le système judiciaire, des pratiques sont inventĂ©es et mises en Ĺ“uvre par les juges, assumant leur fonction de dire le droit, et en lien avec les autres acteurs du droit, pour proposer un espace de justice en rĂ©ponse aux attentes des justiciables.

Il convient de prĂ©ciser les termes « espace de justice Â», « pratiques juridictionnelles Â» et « penser Â».

Le terme « espace  de  justice Â» introduit par  le  traitĂ©  d’Amsterdam, rĂ©fère, par  une  conception  platonicienne, tant Ă  un espace matĂ©riel  qu’à un espace immatĂ©riel. Il postule le besoin dans la sociĂ©tĂ© d’un  espace spĂ©cifique,  distinct de  la temporalitĂ© du monde et, pour la mĂŞme raison, des  espaces rĂ©gis  par le seul respect des prescriptions  Ă©conomiques. Le  fait mĂŞme de nommer cet  « espace  de  justice Â» et de le rĂ©flĂ©chir porte la marque de l’attention dĂ©sormais portĂ©e par l’institution judiciaire aux attentes des justiciables. Au cours de cette première annĂ©e les tĂ©moignages et rĂ©flexion porteront successivement sur un  espace  de justice d’abord europĂ©en et que l’on cherche « Ă©clairĂ© Â», « attractif Â», « interactif Â» et « pacificateur Â».

Par le  focus sur les « pratiques juridictionnelles Â», il s’agit de mettre en lumière une partie du travail des magistrats qui, pour assurer leur office dans ce monde en mutation, mus par l’éthique de construire cet espace de justice attendu, rĂ©flĂ©chissent, inventent et construisent des pratiques rĂ©pondant prĂ©cisĂ©ment aux attentes des justiciables et de la sociĂ©tĂ©. Cette partie de leur office reste en gĂ©nĂ©ral dans l’ombre notamment parce que sont essentiellement rĂ©vĂ©lĂ©es les dĂ©cisions des juges, que les  règles de procĂ©dure  civile, en  ce qu’elles  dĂ©finissent l’office du juge, conduisent Ă  en retenir  une image  limitĂ©e, que les  juristes, Ă   la  diffĂ©rence  des  sociologues, s’intĂ©ressent aux  textes plus  qu’aux  pratiques, sauf  lorsqu’elles  sont  sources de  droit et que les juges, soumis  au devoir  de  rĂ©serve,  n’ont  pas  une  culture  de communication. S’intĂ©resser aux  pratiques  du juge exerçant  son  office suppose de  le  voir   comme un ĂŞtre  humain et  non  machine  Ă   produire des  dĂ©cisions,  inscrit dans une culture , ayant un corps et des Ă©motions. Il se prĂ©sente ainsi comme un  ĂŞtre  en action dans  un  monde  en  perpĂ©tuelle  Ă©volution, et d’ailleurs en  interaction avec les  autres acteurs  de la  chaĂ®ne  du  droit, en  particulier  avec les autres  professionnels du droit , au premier  rang  desquels les  avocats ,  mais  aussi  les universitaires et Ă©videmment  les justiciables

A  priori, la mise  en  Ă©vidence des pratiques ne relève  pas  de la  pensĂ©e  et  se rattache  plutĂ´t  Ă  une dĂ©marche  de  phĂ©nomĂ©nologie qui, en  prĂŞtant  attention, constate  l’existence  de pratiques mais l’attention prĂŞtĂ©e  aux  pratiques  a une intention, un  sens, puisqu’il s’agit de mettre en lumière les pratiques  qui  sont  « au  service d’un espace de justice Â». Mais surtout,  le  terme « penser Â»,  met en  Ă©vidence  le  fait  que,  par  une  dĂ©marche  de  rĂ©flexivitĂ©, la  justice  elle-mĂŞme  se  questionne,  interroge ses  Ă©pistĂ©mès, c’est  Ă   dire non  seulement  le  système dans  lequel  elle  fonctionne , mais  Ă©galement  ses  sous-bassements  structurels.


La rĂ©flexion est  portĂ©e par quatre axes mĂ©thodologique pour  garantir  une  distance  critique :  l’interdisciplinaritĂ© ,  la prise en compte du droit comparĂ©, celle de l’histoire du droit, l’interprofessionnalitĂ©. Elle s’inscrit enfin comme rĂ©flexion europĂ©enne  au sens oĂą les Ă©changes entre juges participent Ă  la construction d’un espace europĂ©en de justice, mais  surtout   oĂą la justice, comme la dĂ©mocratie, est un soubassement  de la  culture  europĂ©enne et  un pilier de la construction europĂ©enne.

Ce cycle est construit par la Cour de cassation, la société de législation comparée et l’université Toulouse 1 Capitole, en partenariat avec l’ENM, l’European Law Institute, (hub français), l’AHJUCAC, l’association des juristes franco-allemands, l’association des juristes franco britanniques".

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