15 juin 1999

Publications

Publication : article dans une publication collective juridique

📝L’immatériel à travers la virtualité, in 📙Le droit et l’immatériel

par Marie-Anne Frison-Roche

â–ş RĂ©fĂ©rence complète : M.-A. Frison-Roche, "L’immatĂ©riel Ă  travers la virtualitĂ©", in Archives de Philosophie du Droit (APD), Le droit et l’immatĂ©riel, t.43, 1999, Sirey, pp.139-148.

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â–ş RĂ©sumĂ© de l'article : Après avoir rappelĂ© que le Droit lui-mĂŞme est un système  virtuel en tant qu'il ne peut prendre en charge et gouverner les concrĂ©tudes que par l'abstraction, l'article distingue deux sortes de virtualitĂ©s. La première est celle qui permet au Droit de rĂ©gir immĂ©diatement le futur en prenant la rĂ©alitĂ© concrète prĂ©sente et en y discernant son futur (la dynamis aristotĂ©liscienne), ce qui lui permet de gouverner le futur.

Ainsi alors que le LĂ©gislateur par nature rĂ©gir le Futur parce qu'il en aurait seul le pouvoir lĂ©gitime (prohibition des pactes sur succession future), en dĂ©plaçant ainsi la vision de la situation prĂ©sente, les parties elles-mĂŞmes peuvent se saisir de la situation future, si celle-ci est dĂ©jĂ  prĂ©sente. L'exemple de la vente en l'Ă©tat futur d'achèvement ou de la vente de bois coupĂ©, vente mobilière rĂ©alisĂ©e au moment oĂą l'arbre est encore enracinĂ©. Mais le Droit demeure très prudent dans ce dĂ©placement car l'on ne connait pas le futur (jurisprudence sur la perte de chance) et il faut ĂŞtre sĂ»r de la prĂ©sence de ce futur dans le prĂ©sent.

L'autre hypothèse de virtualité, saisie davantage par la conception platonicienne, est celle du reflet. Il existe désormais des objets "virtuels". Ils le sont définitivement, l'écoulement du temps ne les modifiant pas. Il s'agit des hologrammes et des multiples représentations du monde qui constituent désormais des objets autonomes de celui-ci et ayant une valeur propre. De cette virtualité aussi, le Droit doit se saisir;

Le Droit a plus de mal à se saisir de la seconde virtualité que de la première, par exemple sur le terrain probatoire. Il convient de distinguer soigneusement les deux sens et de ne pas mêler le premier, solide et portant sur des biens corporels en devenir, et le second, plus hasardeux et portant sur des biens définitivement "virtuels" plein d'avenir.

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