March 10, 2010

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Publication : Article dans une publication collective juridique

Distinction between economic Regulation and financial Regulation

by Marie-Anne Frison-Roche

Référence complète : FRISON-ROCHE, Marie-Anne, Distinction between economic Regulation and financial Regulation, in Special Issue Finance, The Journal of Regulation N°3, septembre 2010, I-1.11

L’on pourrait dire que les deux types de régulation ne se distinguent pas car le marché financier est le plus pur des marchés économiques ou à tout le moins, une simple sorte de ces marchés. D’ailleurs, la finance a toujours était présente sur les marchés économique car la monnaie permet l’échange.

Mais les marchés financiers sont aujourd’hui radicalement autonomes, par une industrie financière, qui fabrique des produits sans rapport avec l’économie "réelle". La caractéristique distinctive et fondamentale de la régulation financière est donc l’existence d’un risque systémique et la lutte contre celui-ci. S’il en est ainsi, alors d’autres secteurs que la banque, la finance et l’assurance présentent un tel risque comme l’a montré le sauvetage de General Motors. Il faudrait donc déplacer la ligne de la summa divisio  entre les marchés qui n’engendrent qu’un risque individuel et bienvenu de faillite individuelle et les marchés qui sont menacés de faillite collective, les deux type de marchés, éventuellement industriels, devant être distinctement régulés.

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Lire le résumé de l'article ci-dessous.

La différence entre les deux types de régulation ne va pas de soi dans son principe même, car on a pu considérer que le marché financier était le plus pur des marchés économiques. Mais en réalité, le marché des biens et services est dans son principe autorégulé par la rencontre de l’offre et de la demande.

De la même façon l'on pourrait dire que les marchés financiers ne sont qu'une sorte particulière de marchés économiques, mais ce serait méconnaître la spécificité radicale de la régulation financière, telle que la protection du risque systémique ou l'accès à l'information par les investisseurs. Plus encore, les deux régulations ont pris leur autonomie parce que la finance elle-même a pris son autonomie par rapport à l'économie.

En effet, comme le montra en précurseur Fernand Braudel, la finance est devenue une industrie autonome produisant des biens propres, les instruments financiers, qui circulent sur des marchés spéculatifs, sans connexion avec ce que l'on désigne souvent comme l'économie "réelle.

En conséquence, la régulation financière est basée sur le risque, appréhendée comme un danger, alors que l'entrepreneur schumpetérien des biens et services entreprend par nature une entreprise risquée sur les marchés ordinaires. La difficulté intervient lorsque malgré la déconnexion précitée entre finance et économie, l’ingéniosité de l’industrie financière aboutit à la création de titres dérivés, qui prennent des sous-jacents de l’économie réelle, exposant ceux-ci au risque.

C’est pour mettre au pas cette perspective de spéculation que le régulateur nord-américain de l’énergie a voulu interdire des swaps dans le secteur de l’énergie, décision dont le juge a considéré qu’il n’avait pas le pouvoir de l’adopter mais que par la suite la loi Dodd-Frank a permis.

Si l’on doit d’une façon plus générale dégager les différences essentielles entre la régulation économique et la régulation financière, elle tient dans la présence du soucis du risque systémique dans celle-ci.

Mais, si le risque est le critère pertinent avec notamment sa concrétisation dans la perspective d'un effet domino, alors il n'y a pas de raison de limiter les techniques conçues par la régulation financière au seul monde de la finance. En effet, on a vu que la Maison Blanche a financièrement sauvé General Motors pour des considérations systémiques. Si l'on ne prenait alors comme summa divisio, marché des biens et services d'une part et marchés financiers d'autre part, il faudrait lui substituer marché simplement régi par un risque bienvenu de faillite individuelle (notion de destruction créative) d’une part et d’autre part, les marchés affectés d’un risque systémique. Dans ce cas-là, même s’il ne s’agit plus du secteur bancaire, financier et assurantiel, la présence du risque systémique justifierait l’importation de mécanismes inventés dans ce secteurs, tels que les living weels pour arrêter la propagation.

Ainsi, la ligne de partage de la summa divisio serait déplacée en considération de son véritable critère.

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